Quelle est votre mission au sein d’Innovaud ?
Jean-Michel Stauffer : je fais partie de l’équipe « Connect ». Mes deux collègues et moi-même accompagnons les entreprises technologiques et innovantes du canton de Vaud. Le cœur de notre activité est sur le terrain : nous rencontrons et accompagnons les entreprises qui partagent avec nous leurs innovations, leurs technologies et leurs besoins pour se développer. Chaque année, nous soutenons plus de 350 entreprises actives dans des domaines variés : sciences de la vie, foodtech, agritech, digital et IT, ainsi que l’industrie, la microtechnique, l’aérospatial, l’aéronautique et la cleantech. Notre accompagnement se fait tout au long de la vie des entreprises : en « early stage » pour les soutenir dans leur développement ou plus tard pour les aider à se réinventer, par exemple dans l’amélioration produit ou la digitalisation des processus de vente. Nous avons la grande chance et l’avantage d’être des acteurs privilégiés de l’innovation dans le canton de Vaud ainsi qu’en Suisse en général.
Yuliya Blaser : le service « Invest » dont je fais partie accompagne les sociétés étrangères qui souhaitent s’établir dans le canton de Vaud. Cela va des démarches administratives à l’hébergement, en passant par la promotion et la mise en réseau avec d’autres entreprises de pointe déjà établies dans la région. Notre mission est d’identifier les « next big things », soit les marchés intéressants et prioritaires sur lesquels Innovaud peut prendre contact avec des entreprises susceptibles de vouloir s’implanter dans le canton de Vaud et/ou y investir. Et cela dans différents domaines d’innovation comme les sciences de la vie, la cybersécurité, l’aérospatial, l’aéronautique ou la durabilité/cleantech par exemple. Lorsqu’on prend contact avec ces entreprises, on met en avant les nombreux atouts de notre canton et les soutiens dont elles pourraient bénéficier.
De plus, nous répondons de plus en plus à de nouvelles demandes, soutenues, de la part d’investisseurs suisses et étrangers qui sont intéressés à saisir les opportunités d’investir dans le tissu économique vaudois innovant. C’est très positif, car le manque d’investissements dans les différentes phases de croissance des start-ups et scale-ups est bien connu en Suisse ! En 2022, nous avons ainsi soutenu plusieurs investisseurs très actifs dans leur domaine, qui sont devenus des porte-paroles de nos activités en Suisse et à l’étranger.
Comment s’est déroulée l’année 2022 pour votre service et les entreprises accompagnées par Innovaud ?
Y. B. : 2022 a bien sûr été marquée par la guerre en Ukraine. Pour notre service « Invest », nous avons donc dû rapidement modifier notre manière d’approcher les entreprises. Il a fallu montrer que malgré la situation très tendue en Europe, la Suisse et plus spécifiquement le canton de Vaud restaient des lieux sûrs, dynamiques et optimaux pour une implantation ou des investissements. En parallèle, nous avons poursuivi notre prospection proactive des entreprises : la présence d’Innovaud a par exemple été renforcée en Amérique du Nord avec un collaborateur dédié au marché canadien. Finalement, 2022 a confirmé le changement du type d’entreprise qui s’implante dans notre canton : s’il y a encore quelques multinationales, ce sont principalement des entreprises à forte croissance qui s’y installent. Le canton de Vaud leur offre un environnement idéal notamment grâce à l’expertise de l’EPFL et des universités et hautes écoles vaudoises, ainsi que la mise en réseau avec les entreprises innovantes du canton dont parlait Jean-Michel précédemment.
J-M. S. : Pour ma part, du côté de l’accompagnement des entreprises vaudoises, j’ai constaté deux phases très distinctes. Au début de l’année, la reprise post-COVID était frappante : il y a eu un fort rebond économique et l’activité des entreprises a redémarré. Cela a amené à une situation tendue au niveau de l’emploi et des problèmes d’approvisionnement. On a noté en conséquence une certaine tendance à une dé-globalisation, pour récupérer une partie de la production en interne. Cela a généré un autre boom d’activité pour les entreprises, dont les collaborateurs devaient en même temps apprendre à retravailler ensemble après le COVID. Dans la deuxième partie de l’année, les entreprises ont été impactées non seulement par la guerre en Ukraine, mais par les incertitudes économiques que nous connaissons. Donc 2022 a été marquée par une situation un peu ambivalente : un carnet de commandes plein et une reprise de l’activité, mais aussi une multiplication des crises générant une certaine fatigue.
Est-ce que vous pourriez partager avec nous l’entreprise ou le projet qui vous a marqué l'an dernier ?
Jean-Michel : Mon coup de cœur est un maréchal-ferrant ! A priori, cela ne paraît ni technologique, ni très innovant. Le fondateur de l’entreprise en avait assez de transporter des tonnes de métal dans tout le canton. Il a donc approché des jeunes ingénieurs de la Junior Entreprise de l’EPFL, qui l’ont aidé à développer son innovation. Ils ont créé une technologie digitale qui part de la prise de vue en images des sabots du cheval avec un téléphone. Leur application génère automatiquement un fichier qui est envoyé directement sur la machine d’usinage. Les fers sont usinés selon la forme exacte des sabots et sont envoyés par la poste aux clients. Cette nouvelle approche permet de fabriquer des fers dans des matières qui ne sont pas forgeables comme l’alu, le plastique ou des matières composites, et d’y intégrer certaines originalités comme un logo ou une couleur. Cette solution innovante permet aussi de faire de la prévention au niveau de la santé des chevaux en mettant les photos des sabots des chevaux à disposition des vétérinaires. J’adore ce projet parce qu’il montre que l’innovation est partout.
Y. B. : Un exemple intéressant dans l’oncologie est Leman Biotech, une spin-off de l'EPFL dont le siège se trouve à Shenzhen, en Chine. La société a mis au point une technologie qui vise à booster l'efficacité des immunothérapies, en revitalisant les cellules immunitaires épuisées. Accompagnée par Innovaud, l'entreprise a choisi d'établir son centre de découverte de médicaments au Biopôle de Lausanne. Je pense aussi à IQDEMY, développeur et fabricant d'électronique, de logiciels, d'imprimantes numériques et d'encres, qui a posé les bases de sa nouvelle usine et de son centre de R&D à Aigle avec le soutien d'Innovaud. Les produits de l'entreprise sont utilisés dans plus de 70 pays. Le siège social du groupe est situé dans le canton du Valais (Suisse) depuis 2013. Ces deux exemples sont représentatifs d’entreprises de pointe qui choisissent notre canton !