Trois entreprises, un besoin
Thévenaz Leduc, Romande Energie et Spontis, trois entreprises évoluant dans des secteurs différents mais partageant une même problématique : pouvoir recycler un certain type de plastique. Rassemblées en consortium, et aidées par le canton de Vaud, Innovaud et platinn, elles étudient pendant près d’une année et demie le marché suisse et européen pour trouver l’entreprise la plus à même de répondre à leur besoin, la pyrolyse. Ce processus chimique vise à séparer les composants de la matière grâce à l’apport d’une quantité importante de chaleur. Le tout, sans oxydation et sans flammes car l’oxygène n’est pas présent. Les composants ainsi séparés ne sont pas brulés, et peuvent ainsi être réutilisés pour d’autres usages. C’est le principe même inspiré de l’économie circulaire.
Mais des entreprises utilisant la technologie de pyrolyse, il y en a beaucoup. Le défi a donc été de trouver celle ayant la technique la plus appropriée aux besoins du consortium, la plus efficace aussi, la plus mature, sans oublier l’importance de la proximité. Le choix s’est ainsi porté sur Greenlina.
Greenlina : de la phase projet à l’industrialisation
Née en 2019 à Avenches, Greenlina développe, produit et distribue des installations de pyrolyse visant à recycler des déchets plastiques et organiques ainsi que des pneus usagés.
Sollicitée par le consortium, qui achète sa technologie, Greenlina se trouve alors confrontée à un double enjeu : celui de l’innovation d’abord, afin d’être capable de passer de la phase « pilote » à celle de l’industrialisation, mais aussi un défi entrepreneurial pour répondre dans les temps à la demande, de manière structurée et efficiente.
« Sur le plan de l’innovation, il s’agit de faire évoluer nos machines de pyrolyse pour les faire rentrer dans des containers que l’on pourrait alors déplacer sur différents sites. Ainsi, les déchets recyclés pourront être réutilisés directement sur place. Via la pyrolyse, grâce à un processus basse température, le plastique se transforme en un combustible recyclé. Ce dernier pourra être utilisé par le consortium de différentes manières selon leurs besoins : comme intrant (un élément entrant dans la production d'un bien), dans des centrales de chauffage à distance pour Romande Energie, ou comme carburant pour les véhicules de Thévenaz Leduc. » commente Jean-Christophe Song, Directeur et co-fondateur de Greenlina.
Sans oublier toutes les autres entreprises potentiellement intéressées par cette solution écologique, durable, et circulaire. Autre point intéressant, la production d’électricité et de chaleur si le gaz de synthèse issu de la pyrolyse est utilisé. Un gain énergétique additionnel non négligeable.
Le challenge entrepreneurial et l’importance de l’accompagnement
Mais le challenge est aussi entrepreneurial. Très vite, s’est posé le défi de l’accompagnement pour permettre à Greenlina de rentrer dans la phase d’industrialisation, impliquant de nombreuses parties prenantes, et pouvoir répondre à cette demande ferme émanant du consortium : créer des machines de pyrolyse « containérisées » d’ici à fin 2023, début 2024.
La société, alors composée de quelques personnes seulement, a très rapidement dû se structurer, et ce sur tous les plans : managérial, expertise (engager de nouveaux profils d’ingénieurs), financier (lever des fonds), mais aussi en termes de Business Development (trouver de nouveaux clients). Innovaud a soutenu la démarche, via le coaching platinn qui s’est chargé de l’accompagnement dès que la demande du consortium a été actée. « Cela a été un formidable effet levier pour Greenlina pour passer de la phase dite de « projet » dans laquelle était la start-up jusqu’alors, à celle de l’industrialisation » explique Philippe Gaemperle, coach Platinn.
Une transition non seulement rapide, mais également complexifiée par la présence de plusieurs acteurs. « L’accompagnement passe aussi par la coordination des uns et des autres, du consortium qui a acheté la machine (Thévenaz Leduc, Romande Energie, Spontis), à Greenlina dont le rôle est de répondre au cahier des charges » poursuit le coach.
Au bout de quelques mois, le Business plan de Greenlina, réalisé avec l’aide de platinn, voit le jour. « Grâce à ce document, qui montre concrètement le potentiel de l’entreprise, mais aussi les perspectives de croissance, tout en chiffrant les besoins financiers pour les atteindre, nous avons pu obtenir un financement cautionné de 1 million de francs suisses pour lancer la fabrication de la première machine » détaille Philippe Gaemperle.
Si l’objectif immédiat est celui de produire les machines de pyrolyse pour le consortium, Greenlina pense déjà au futur. Avec l’objectif, à moyen terme, de produire une vingtaine de machines, tout en continuant à trouver des solutions pragmatiques pour des besoins spécifiques dans l’industrie.